Enceintes intelligentes : les paroles ne s’envolent pas


le Lundi 23 Avril 2018 à 11:10

Qu’elles s’appellent Google Home, Amazon Alexa ou encore Apple Homepod, les enceintes connectées qui servent d’assistants vocaux commencent à connaître un certain succès auprès du public. Mais attention ces objets, plutôt pratiques pour rechercher une information, réserver un spectacle ou faire ses courses, peuvent porter atteinte à votre privée et celle de vos amis. La CNIL attire l’attention des utilisateurs.


L'enceinte connectée Google Home, un objet au design étudié pour qu'on l'installe facilement dans son salon. (Photo  Google)
L'enceinte connectée Google Home, un objet au design étudié pour qu'on l'installe facilement dans son salon. (Photo Google)
Guidées vocalement, les enceintes connectées à internet proposées par Amazon, Google et Apple, assistent l’utilisateur dans ses taches au quotidien. Une simple question et ces petits objets posés négligemment sur votre bureau ou votre table de salon, connectées en permanence au réseau, vont aller puiser dans leurs colossales bases de données pour vous répondre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Pratique, non ?

« Mais quels enjeux pose cette technologie au regard de la vie privée des utilisateurs ? » C’est la question que soulève la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), l’autorité administrative indépendante française qui veille à ce que l’informatique soit au service du citoyen, sans porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’Homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Et pour ce qui concerne les enceintes connectées, il semble qu’il y ait beaucoup à dire.

Pour mémoire, ou pour ceux qui ne connaissent pas, une enceinte connectée dite « intelligente » est un dispositif équipé d’un haut-parleur et d’un micro qui intègre un assistant vocal. Grâce à cet équipement, l’enceinte est capable d’interagir avec l’utilisateur pour lui délivrer un service suite à une requête vocale. L’assistant est en mesure de répondre à une courte question sur l’actualité du moment, la météo, la distance à parcourir pour se rendre dans une ville. Interconnectée avec des appareils domotique, elle peut régler le chauffage, ouvrir et fermer les volets, activer des lumières. Elle peut également réserver un taxi, acheter des billets de spectacles ou préparer votre liste de courses… Et tout cela sans appuyer sur un seul bouton ou clavier, uniquement au son de votre voix.

Dans une note d’information la CNIL rappelle les grandes étapes du fonctionnement de ces assistants vocaux. En permanence à l’écoute, l’enceinte est réveillée par un mot clé (Ok Google pour Google Home). L’enceinte ne procède à aucune opération tout pendant qu’elle n’a pas entendu le mot clé de démarrage. Ensuite l’utilisateur dicte sa requête et l’enceinte va alors chercher la réponse sur le Cloud, c’est à dire les serveurs de l’entreprise (Amazon, Google, Apple …).

Une historique des requêtes est conservée, auquel l’utilisateur à accès grâce à l’application de paramétrage installée sur son smartphone. Les métadonnées associées à la requête comme par exemple, la date, l’heure, le nom du compte… sont également conservées par le service. La question est traduite en texte et interprétée par un système d’intelligence artificielle (IA) qui va donner la réponse adaptée. Ensuite l’appareil repasse en veille.

Votre vie privée vaut de l’or pour les entreprises commerciales

Si ces appareils se révèlent pratiques, « il faut bien comprendre les enjeux autour de votre vie privée », alerte la CNIL. Même si on retrouve l'assistance vocale partout et notamment sur les smartphones et dans les voitures, dans le cas présent les paroles ne s’envolent pas, elles sont conservées sur le Cloud, un nuage d’information qui intéresse bon nombre de structures, lesquelles peuvent ainsi étudier votre comportement et vous proposer les services d’entreprises commerciale qui pourront satisfaire vos besoins, voire même les créer. C’est ce qu’on appelle du marketing.

« En veille permanente, ces assistants sont susceptibles d’enregistrer vos conversations, y compris celles de tiers lorsqu’ils ont reconnu le mot clé », précise la CNIL. Pour préserver la confidentialité des échanges il est donc nécéssaire d’encadrer les interactions de ses enfants avec ce type d’appareil et éteindre l’appareil lorsque l'on n'est pas avec eux. Il en est de même lorsque l’on ne souhaite pas être écouté et notamment lorsque l'on reçois des amis. Il est fortement conseillé d’activer le filtre parental pour contrôler les informations que pourrait recevoir un enfant.

Principalement destinés au domicile pour contrôler des objets connectés et des services de divertissement, « les appareils dotés d’un assistant à commande vocale se retrouvent au cœur de la vie privée du foyer », rappelle la CNIL, prévenant ainsi de la monétisation possible de l’intime. Il est donc important de bien choisir les services auxquels l’assistant à accès et bien considérer les risques à partager des données privées ou des fonctionnalités sensibles comme les systèmes de sécurité de la maison.

La difficulté de gestion de ces assistants réside dans le fait que ces appareils ne possèdent pas d’écran de contrôle. C’est donc le smartphone qui sert d’interface. Il est donc important de le consulter régulièrement et d’effacer l’historique des requêtes. « N’oubliez pas que tout ce que vous lui confierez pourra servir à enrichir votre profil publicitaire », appuie la CNIL.

La CNIL précise qu’elle est en contact avec les différents fabricants afin d’avoir une parfaite compréhension des systèmes déployés. Elle réalise des tests sur certains de ces appareils et mène des réflexions sur les moyens à mettre en œuvre afin de garantir que les utilisateurs sont bien informés des données collectées, des usages qui en sont faits et des moyens à leur disposition pour y accéder, les modifier, les supprimer, etc.





              


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